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La pathologie numérique : une nouvelle norme pour les frottis cervicaux au CH Sint-Elisabeth
10.12.2024 CH Sint-Elisabeth

La pathologie numérique : une nouvelle norme pour les frottis cervicaux au CH Sint-Elisabeth

La technologie médicale transforme radicalement le secteur de la santé. Au CH Sint-Elisabeth à Zottegem, l’introduction de la plateforme Hologic Genius (en collaboration avec le service d’anatomie pathologique du CHU de Gand) a conduit à un changement majeur dans l’évaluation des frottis cervicaux. Le Dr Erik Bodson, chef du service médical d’Anatomie Pathologique, explique comment cette plateforme dotée d’un écran 4K et d’un support IA garantit une plus grande efficacité et précision, tandis que l’expertise du pathologiste reste centrale. 

Depuis août 2024, les frottis cervicaux sont évalués par voie numérique dans votre laboratoire. Qu’est-ce que ce changement signifie exactement pour les méthodes de travail en laboratoire ? 

Dr Bodson : « Depuis août 2024, nous avons effectivement franchi un cap majeur vers la pathologie numérique. Le microscope traditionnel a été remplacé par un écran Barco 4K et nous utilisons un algorithme piloté par l’IA pour sélectionner les cellules à évaluer. Avant ce changement, chaque frottis cytologique cervical était examiné manuellement au microscope, ce qui demandait beaucoup de temps et d’efforts mentaux de la part des pathologistes. » 

Pouvez-vous expliquer pourquoi la cytologie cervicale joue un rôle important en médecine préventive ? 

Dr Bodson : « La cytologie cervicale est essentielle car elle permet de détecter les lésions précancéreuses du col de l’utérus. Dans le cadre de ce dépistage, il est important qu’il y ait une période de latence relativement longue entre l’apparition de lésions précancéreuses et le développement d’un cancer réel. Cette durée est en moyenne de dix ans pour le cancer spinocellulaire du col de l’utérus. Cela nous offre la possibilité de détecter et de traiter les anomalies de manière précoce grâce à un dépistage périodique, avant qu’un traitement invasif ne devienne nécessaire. » 

Quel est le déroulement d’un frottis cytologique cervical et qu’est-ce qui change avec l’introduction de la pathologie numérique ? 

Dr Bodson : « Le processus commence de la manière habituelle : un médecin prélève des cellules dans la zone de transition du col de l’utérus avec une brosse spéciale. Ces cellules sont transférées dans une solution alcoolique et préparées en fine couche sur une lame porte-objet. Cette lame est colorée automatiquement selon le protocole de Papanicolaou et protégée par un film. Jusqu’à récemment, ces lames étaient uniquement examinées au microscope. Désormais, elles sont scannées au service d’Anatomie Pathologique du CHU de Gand et les images numériques, d’une taille de 1,5 Go, sont mises à disposition pour analyse au CH Sint-Elisabeth par le biais d’une connexion serveur sécurisée. Le CHU de Gand collabore avec plusieurs laboratoires périphériques pour partager le coût du scanner. »
 

Ce dépistage numérique des frottis cervicaux constitue une amélioration technologique importante pour notre 
laboratoire et améliore considérablement l’efficacité en termes de temps, sans sacrifier la qualité de notre dépistage. ”
— Dr Erik Bodson, chef du service médical d’Anatomie Pathologique du CH Sint-Elisabeth

Comment l’assistant IA aide-t-il à analyser ces images ?  

Dr Bodson : « L’assistant IA sélectionne entre trente et soixante cellules et les présente en cinq catégories à l’écran. Ces catégories comprennent des cellules avec beaucoup ou peu de cytoplasme, des cellules « spéciales », des amas cellulaires et des micro-organismes potentiels. Cette classification nous aide à rechercher plus rapidement et plus précisément les LSIL, les HSIL, d’autres cellules atypiques, les cellules glandulaires et les micro-organismes. »

Quels sont les principaux avantages de l’utilisation d’une plateforme numérique combinée avec l’IA ? 

Dr Bodson : « L’un des gros avantages est le gain de temps. Au microscope, il faut parfois quelques minutes par échantillon pour trouver des koïlocytes ou des filaments fongiques, par exemple. Désormais, ceux-ci peuvent souvent être vus d’un seul coup d’œil. Plus important encore, trouver et évaluer les cellules HSIL, petites et difficiles à détecter parmi 100 000 autres cellules épithéliales, devient plus facile grâce à l’IA qui présente les cellules les plus suspectes. Il est néanmoins crucial de mentionner que l’IA ne fait qu’une sélection. Le diagnostic final appartient au pathologiste. »

Quels sont les principaux avan...

Que doit garder à l’esprit un pathologiste lorsqu’il utilise cette nouvelle technologie ? 

Dr Bodson : « L’assistant IA est une aide précieuse mais l’expérience et les connaissances du pathologiste restent essentielles. Par exemple, une cellule infectée par l’herpès peut être placée dans la catégorie HSIL par l’IA. Il appartient alors au pathologiste d’évaluer correctement cette cellule et de ne pas la classer dans une dysplasie de haut grade. Il en va de même pour distinguer les micro-organismes normaux, tels que les bacilles de Döderlein, qui ne sont pas marqués comme singuliers par l’IA. Pour nous, cela signifie un changement de méthode et d’approche de travail, que nous avons adapté à travers une formation continue et un processus de validation. 

Y a-t-il un autre point important que vous souhaiteriez ajouter à propos de cette nouvelle façon de travailler ? 

Dr Bodson : « Il est important que les pathologistes se familiarisent avec la technologie et apprennent à développer leur confiance envers l’assistant IA. Bien que la résolution de l’écran 4K soit inférieure à celle du microscope, elle est suffisante pour une évaluation précise dans le cadre d’un dépistage cytologique cervical. La confiance et l’expérience dans l’utilisation de ces outils numériques sont essentielles pour en tirer le meilleur parti et garantir la qualité du diagnostic.