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Mieux dans sa peau : Deux Cliniques De l’Obésité dans le ventre des hôpitaux REZO
01.04.2024 REZO

Mieux dans sa peau : Deux Cliniques De l’Obésité dans le ventre des hôpitaux REZO

Les hôpitaux REZO, le CH Glorieux et le CH Sint-Elisabeth, abritent non pas une, mais deux Cliniques De l’Obésité. Si elles présentent de nombreuses similitudes, elles sont organisées de manière légèrement différente. Nous souhaitons mettre ces deux cliniques à l’honneur et donnons tout d’abord la parole au Dr Steven Marcoen du CH Glorieux de Renaix. 

De l’anneau gastrique à l’accompagnement pluridisciplinaire 

D r Steven Marcoen : « Il y a des années, j’ai pris l’initiative de lancer la chirurgie de l’obésité au CH Glorieux de Renaix. J’ai commencé la chirurgie bariatrique, ici, en 1999, encore avec des anneaux gastriques. Les anneaux gastriques limitent la portion que le patient est capable de manger. C’était un geste restrictif réversible. À l’époque, de nombreux chirurgiens proposaient cette intervention parce qu’elle présentait peu de risques. Elle ne s’est toutefois pas révélée idéale à long terme. Nous avions l’impression que les patients étaient incapables de manger correctement ou sainement. Parfois, l’anneau était trop serré et les patients ne pouvaient avaler que du liquide. Nous avons commencé à étudier d’autres interventions et nous avons réalisé l’importance de miser sur un encadrement et un accompagnement du patient dignes de ce nom. Cette réflexion a marqué le début de notre Clinique De l’Obésité et de son approche pluridisciplinaire. »

Focus sur le changement de comportement 

La stratégie de la Clinique De l’Obésité du CH Glorieux s’est développée au fil du temps, de manière intuitive et guidée par l’expérience des patients. 

Un travail d’équipe 

L’équipe de la Clinique De l’Obésité s’est considérablement élargie. Le Dr Steven Marcoen poursuit : « Nous sommes trois chirurgiens à avoir une grande expérience de ce type de chirurgie : le Dr Wouter Van Riel, le Dr SofieViskens et moi-même. Nous avons un endocrinologue permanent : le Dr Anne-Marie Van der Biest, deux diététiciennes (Ruth Doms et Julie Sulmon) et trois psychologues (Aaike Verstraeten, Kaat Vanderstraeten et Naïs Dubois). Tine Vanelsacker travaille dans les coulisses en tant que coordinatrice. Nous organisons une réunion d’équipe tous les quinze jours. L’occasion de discuter de tous les cas en cours et de personnaliser les traitements. Chaque patient est unique et nécessite une approche différente. En fin de compte, les patients doivent comprendre qu’ils sont maîtres de leur destin. Nous leur apportons l’expertise et le soutien nécessaires. »

Nous avons vite compris que la chirurgie n’était pas miraculeuse. L’accompagnement diététique des patients est essentiel à la réussite de l’intervention. L’obésité est due à un déséquilibre entre l’apport et la consommation de calories. Les gens mangent trop ou mal et font trop peu d’exercice. Nous nous focalisons désormais sur cet aspect. Les interventions sont des outils.”
— Dr Steven Marcoen

Une chirurgie bariatrique ou pas ? 

« Tous les patients ne viennent pas à la Clinique De l’Obésité pour se faire opérer. Ils ont besoin d’aide pour contrôler leur poids, mais la chirurgie n’est pas toujours indispensable. Notre équipe adopte la même approche éducative : un accompagnement diététique combiné à la psychothérapie et au sport. »

« Vous pouvez aussi bien sûr vous rendre au CH Glorieux pour perdre du poids sans chirurgie. Nous voulons également offrir une alternative aux personnes qui ne remplissent pas les conditions de remboursement ou qui ne peuvent pas bénéficier d’une intervention chirurgicale pour une autre raison. Nous ne laissons personne sur le carreau. »

Le Dr Steven Marcoen explique : « La chirurgie est parfois indiquée. Les interventions sont restrictives (pensez à la sleeve gastrectomie) ou “malabsorptives” comme le bypass gastrique. Dans les deux cas, l’estomac est réduit, ce qui empêche les patients de manger de grandes portions. En outre, le bypass raccourcit l’intestin, ce qui réduit la quantité de calories tirées des aliments. Cette intervention convient parfaitement aux “grignoteurs” qui consomment constamment de petits en-cas riches en calories. Il existe de nombreuses variantes de ces opérations et nous essayons toujours de faire des choix raisonnés et adaptés au patient. »

« Les patients sélectionnés pour une intervention chirurgicale sont soumis à un processus préopératoire qui vise à rechercher des anomalies endocriniennes (le surpoids est parfois dû à un dysfonctionnement de la thyroïde ou des glandes surrénales). On examine également l’état de l’estomac ainsi que le statut vitaminique, l’état du foie et celui de la vésicule biliaire (les personnes obèses souffrent souvent de calculs biliaires). Toutes les opérations sont réalisées à l’aide de techniques endoscopiques. Les patients ne passent donc aujourd’hui que deux nuits à l’hôpital. »  

De la chirurgie à la diététique 

« Le vrai travail ne commence qu’après l’opération : il faut adapter son mode de vie et son régime alimentaire. Au cours des six premiers mois, nous suivons un schéma de rendez-vous de suivi fixe assez intensif (avec le chirurgien, la diététicienne et la psychologue). C’est précisément dans cette première phase que les patients ont besoin d’être soutenus et épaulés. Ils doivent apprendre à vivre avec leur opération. Les rendez-vous s’espacent ensuite après six mois. Notre ambition est de suivre nos patients pendant au moins trois ans et parfois jusqu’à cinq ans. C’est nécessaire, car les résultats à long terme en dépendent. »  

« Ce n’est pas l’intervention chirurgicale, mais la modification du comportement du patient et de son mode de vie qui détermine le succès de l’opération. Les patients apprennent progressivement à vivre avec l’opération. Et si vous ne les accompagnez pas ou ne les guidez pas correctement, ils risquent involontairement ou sans le savoir d’annuler l’effet de l’opération. » 

« Start to move », les médecins spécialistes en revalidation en action

« Les physiothérapeutes ne sont pas encore impliqués dans la phase préopératoire, mais ils jouent un rôle de premier plan après l’opération. Le Dr Liesbet Huyghebaert a mis en place au CH Glorieux un programme sportif spécifique pour les patients de la Clinique De l’Obésité : “Start to move”. Nous avons un programme pour les patients qui ont subi une intervention chirurgicale et un autre pour les patients qui suivent un traitement conservateur, sans opération », poursuit le Dr Steven Marcoen. « À l’avenir, nous entendons déjà travailler sur la condition physique des patients avant l’intervention chirurgicale grâce à la “préhabilitation”. » 

Application mobile, « Care for today » 

« Les personnes qui participent à un programme sportif doivent d’abord se rendre chez l’un des trois médecins spécialistes en revalidation. Le spécialiste examinera leur condition physique et leurs éventuelles limitations, puis déterminera les exercices les plus adaptés. Il leur enseignera des exercices à reproduire à la maison. Nous développons actuellement une app en guise d’outil supplémentaire. Les patients recevront via l’app “Care for today” des instructions sur les exercices quotidiens et sur leur régime alimentaire. Cette app leur permettra également de nous transmettre des informations sur leur évolution et de poser certaines questions. En bref, il s’agira d’un outil supplémentaire pour améliorer l’accompagnement des patients. Cette app sera disponible dans le courant de l’année prochaine, même pour les patients non-néerlandophones (nous traitons beaucoup de patients wallons). »  

Mieux dans sa peau après l’opération 

« Pour fixer un premier entretien, les patients doivent contacter le secrétariat de la Clinique De l’Obésité du CH Glorieux. Ils obtiendront leur entretien préliminaire avec le chirurgien assez rapidement, mais la première prise de contact peut également se faire via la diététicienne ou la psychologue. Nous souhaitons que les médecins généralistes soient impliqués dans ce type d’intervention, car ils connaissent leurs patients beaucoup mieux que nous et peuvent nous parler de leurs antécédents. Le médecin généraliste peut conseiller et aider à la prise de décision. La chirurgie bariatrique était révolutionnaire il y a 20 ans et elle n’a pas eu un succès immédiat auprès de tous les médecins généralistes. Aujourd’hui, de nombreux généralistes sont convaincus qu’il s’agit d’une chirurgie sûre et très bénéfique pour la qualité de vie du patient. » 

Il est souvent assez incroyable de voir à quel point les patients revivent après une telle opération et ne réalisent qu’après coup qu’ils ont été piégés dans leur propre corps pendant des années et qu’ils s’en sont littéralement libérés après l’opération. Ces patients ont besoin de conseils pour changer leur comportement, mais aussi d’un suivi pour éviter toute éventuelle carence en vitamines. Les médecins de première ligne ont un rôle clé à jouer à cet égard.
— Dr Steven Marcoen

Les deux hôpitaux REZO n’opèrent que des personnes obèses. Ces opérations sont soumises à des conditions légales depuis 2007. En voici les principales : 

  •  vous devez avoir fait au moins un an de tentatives conservatrices pour perdre du poids avec un diététicien ou par d’autres moyens, et pouvoir le prouver. Les déclarations des patients suffisent pour l’instant au législateur ; 
  • vous devez avoir un IMC d’au moins 40, ce qui correspond à votre poids au m². Le cas échéant, vous pouvez prétendre à une intervention chirurgicale. Les valeurs normales se situent entre 18 et 25. Il y a toutefois des exceptions. Vous pouvez vous faire opérer à partir d’un IMC de 35 si vous êtes diabétique, si vous souffrez d’hypertension impossible à réguler avec des médicaments classiques ou si vous présentez un syndrome d’apnée du sommeil confirmé par une étude du sommeil dans un laboratoire de sommeil agréé ;  
  • vous avez déjà subi une intervention chirurgicale pour perdre du poids, mais elle a échoué, ou vous faites une rechute et votre IMC est de nouveau supérieur à 35.

La chirurgie bariatrique est donc très strictement réglementée. Il y a d’ailleurs d’autres conditions. En tant que patient, vous devez également obtenir l’accord de trois prestataires de soins de santé indépendants. Le chirurgien doit indiquer être favorable à l’intervention, et le gastro-entérologue, le psychiatre ou le psychologue doivent également confirmer leur accord par écrit. Logique : c’est aussi une manière de constituer une équipe pluridisciplinaire.  

Une nouvelle règle a récemment vu le jour. Une période minimale de trois mois doit s’écouler entre le premier contact avec le chirurgien et l’opération. Le législateur souhaite prévoir un certain temps de réflexion.