Travailler à REZO

L’impression 3D optimise la chirurgie orthopédique
01.04.2024 CH Glorieux

L’impression 3D optimise la chirurgie orthopédique

Dans ce dossier dédié à l’innovation au sein des hôpitaux REZO, nous donnons la parole au Dr Olivier Fabre et dr. Didier Fonck (CH Glorieux de Renaix) sur leur utilisation de l’imprimante 3D.

De l’intérêt pour l’IT à l’impression 3D 

L e Dr Olivier Fabre est chirurgien orthopédique et a commencé à travailler au CH Glorieux en 2002. « Ma principale spécialité est la chirurgie de l’épaule et du genou. J’ai un intérêt marqué pour tout ce qui touche à l’informatique depuis les années 1980. J’aime la programmation. C’est ma seconde passion. Je suis depuis longtemps les évolutions de l’impression 3D et d’autres technologies pertinentes dans le secteur médical. Avec le Dr Didier Fonck, chef du Département d’Imagerie Médicale au CH Glorieux, j’ai pris l’initiative de déposer un dossier d’investissement pour l’achat d’une imprimante 3D au sein de l’hôpital. Et nous l’avons obtenue. Le Service d’Orthopédie en avait besoin. Nous demandions auparavant nos impressions 3D à un fournisseur externe, ce qui entraînait parfois de longs délais d’attente et des coûts élevés. »

Le Dr Didier Fonck dirige le Service de Radiologie du CH Glorieux et contribue activement aux nombreux diagnostics effectués au sein de l’hôpital. Il a rejoint le CH Glorieux en 2001, après avoir travaillé à l’ancien hôpital civil de Renaix. « Dans le cadre de cette innovation, nous travaillons en étroite collaboration avec le Dr Didier Fonck, qui dispose d’un scanner CT avec logiciel intégré pour créer des images en 3D. Sa machine envoie directement les clichés à l’imprimante 3D du CH Glorieux. Il n’y a plus aucune étape intermédiaire et nous n’avons plus besoin d’un logiciel coûteux. » 

L’impression 3D à visée préopératoire et didactique    

Le Dr Olivier Fabre explique : « L’imprimante 3D travaille avec une sorte de résine. Les faisceaux laser durcissent cette résine à l’endroit où ils se croisent. Il y a de nombreux types de résine, dont des résines biocompatibles. En théorie, il est donc possible d’imprimer ici des pièces qui peuvent être implantées. Le CH Glorieux de Renaix n’en est pas (encore) là. Il nous est d’ailleurs conseillé d’acheter une autre imprimante qui ne sera utilisée qu’à cette fin. C’est une question d’hygiène et de stérilité. »  

« Nous nous servons actuellement de l’imprimante 3D pour préparer minutieusement des interventions complexes ou comme support didactique. Nous utilisons pour cela des résines destinées à la réalisation de prototypes. On ne peut pas les implanter, mais elles sont très solides et peu coûteuses. » 

L’impression 3D à visée préopé...

Les cas complexes dans le détail 

Le Dr Olivier Fabre poursuit : « Nous utilisons cette technique pour les cas où l’imagerie classique ne suffit pas. Lorsqu’un chirurgien souhaite corriger certaines déviations de l’axe ou déformations, il veut connaître à l’avance la correction nécessaire pendant l’opération et pouvoir la calculer précisément. »

Une innovation polyvalente, de la mâchoire au tibia 

Les spécialistes OMF du CH Glorieux se servent eux aussi de l’imprimante 3D. Ils impriment des mâchoires pour analyser à l’avance les détails de l’intervention et la manière de fixer les vis dans l’os du patient. En principe, il est également possible d’imprimer des organes tels qu’un rein ou autre, sans qu’il s’agisse nécessairement d’os. Des cardiologues du monde entier utilisent également des imprimantes 3D, notamment pour visualiser les anomalies des valves cardiaques. 

« L’imprimante 3D sert donc principalement à préparer les opérations. Je suis convaincu que chaque hôpital devrait disposer d’une machine de ce genre, car elle apporte une plus-value considérable lors de la préparation des interventions.  

L’imagerie traditionnelle (radio ou scanner CT pour les structures osseuses) permet de visualiser le cliché sur un écran 2D. Vous pouvez faire pivoter l’image, mais ce n’est pas la même chose qu’une impression 3D, qui vous permet d’avoir littéralement la structure entre les mains. Pour les évaluations osseuses complexes, nous optons pour un scanner CT qui transmet les clichés précis à l’imprimante 3D, qui en fait ensuite une modélisation 3D. »  

Cette méthode de travail nous permet à nous, les chirurgiens, de voir à l’avance dans les moindres détails quelle intervention est nécessaire pour aider le patient. La possibilité de prendre cette impression 3D en main, de l’analyser ou de la mesurer fait une énorme différence par rapport à ce que nous pouvons voir en 2D. Cela a une valeur ajoutée indéniable dans les cas complexes.
— Dr Olivier Fabre

Une didactique en trois dimensions pour l’étudiant et le patient 

« La réalisation de ce type d’impression 3D prend beaucoup de temps, souvent une dizaine d’heures. Le Dr Didier Fonck consacre beaucoup de temps à la finalisation des modèles 3D avant de les envoyer à l’imprimante. Si la demande devait augmenter, nous aurions besoin de collaborateurs supplémentaires ayant suivi une formation spécifique.

Nous manipulons cette technologie avec soin. Nous utilisons également les impressions 3D comme support didactique pour les étudiants. Nous les montrons aux patients lors des consultations, ce qui leur permet de mieux comprendre l’intervention et sa nécessité. Certaines pathologies sont plus simples à expliquer aux patients en les leur montrant. Sinon, ça reste souvent assez abstrait. Cette approche rassure le patient : vous prenez son problème au sérieux et lui permettez de se le représenter précisément. »  

Coup d’œil sur l’avenir à travers des lunettes de réalité virtuelle 

Le Dr Olivier Fabre expérimente également l’étude de la modélisation 3D dans un environnement virtuel à l’aide de lunettes de réalité virtuelle. Cela permettrait de discuter et d’étudier un modèle 3D avec un collègue situé dans un autre hôpital, voire dans un autre pays. Cette technologie offrira encore certainement d’autres possibilités à l’avenir.